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Claude Lazar, peintre du temps suspendu en vidéo
Entre Montmartre, Trouville et New York où il possède des ateliers, l’artiste peint sa « réalité subjective » entre rues désertes et intérieurs bourgeois, s’inspirant souvent des films américains des années 1940. Un Voyage pictural à découvrir sur le site internet de la Ville puisque la Médiathèque de La Garenne est fermée au titre du Confinement 2.
Né en 1947 à Alexandrie, l’artiste émigrera en France à l’âge de dix ans, découvrant avec émerveillement le Paris qui, depuis les rives du Nil, le faisait tant rêver. Après avoir suivi des cours à l’Académie de la Grande Chaumière, à un jet de pierres de Montparnasse, le jeune homme tombe dans le bouillonnement créatif de mai 68, fréquente les intellectuels et les bancs de la faculté contestataire de Vincennes. « C’était une époque merveilleuse. Je vivais avec un groupe d’amis artistes, on réalisait collectivement des fresques, on s’enthousiasmait pour des combats et des causes humanistes », raconte ainsi, non sans une pointe de nostalgie, Claude Lazar.
La peinture, une passion
Mais très vite, après un bref détour comme décorateur sur les plateaux de cinéma, la peinture happe définitivement le jeune homme. Une passion qui ne le quittera plus et deviendra sa colonne vertébrale. Partagé entre ses trois ateliers de Montmartre, de Trouville et de New York, Claude Lazar s’abstrait des contingences du quotidien pour brosser d’amples compositions urbaines aux teintes oscillant entre le gris et le noir. « Picasso et Matisse ne sont pas mes maîtres. Je suis davantage inspiré par les films policiers des années 1940 et par le langage visuel des cinéastes américains comme Howard Hawks ou Alfred Hitchcock. Et ce n’est pas un hasard si j’aime beaucoup Edward Hopper, dont le style pictural est également très cinématographique », confie ainsi celui qui n’a jamais oublié ses premières amours pour le septième art.
Transposant sur ses tableaux les jeux de lumière projetés sur les écrans de cinéma, Claude Lazar s’invente alors une géographie intime scandée de rues désertes et de ponts métalliques, d’immeubles en briques et de chaussées d’asphalte noyées sous la pluie.
Toutefois, c’est peut-être dans ses intérieurs de maisons bourgeoises aux plafonds fissurés et aux plinthes écaillées que l’artiste donne davantage libre cours à sa poésie. Baignés dans une quiétude profonde et ouatée évoquant irrésistiblement les toiles de Vermeer ou du peintre danois Vilhelm Hammershói, ses décors, qu’on dirait de théâtre, clament la magie du temps suspendu. On se prend ainsi à rêver sur l’instant qui a précédé, ou suivra, ces instantanés de vie capturés par le pinceau de ce peintre délicat.
« Je ne peuple jamais mes tableaux de fleurs ni de fruits, car je ne souhaite pas montrer les effets du temps qui passe. Je préfère sortir du réel pour créer ma réalité subjective. Ainsi, vous ne trouverez pas sur mes toiles d’indications de dates, de voitures, ou d’enseignes qui préciseraient l’époque ou le lieu », explique Claude Lazar.
En revanche, le soin que le peintre accorde au choix de ses titres en dit long sur son amour de la littérature ! « Mes tableaux sont comme des amorces de romans, des nouvelles en gestation », résume-t-il.
Travaillant par séries, voyageant d’une toile à l’autre au gré de ses envies, Claude Lazar est un peintre de la solitude et du silence, un rêveur éveillé inventant d’infinis scénarios. Et il est bien tentant de s’y laisser glisser…
Retrouvez la vidéo de Claude Lazar au sein de l’exposition à la Médiathèque :
Et toutes les photographies des œuvres tirées de l'exposition :
Le 7 novembre 2020