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Le procès Eichmann à Jérusalem

« En 1961, Joseph Kessel tient pour le journal France Soir la chronique du procès Eichmann à Jérusalem. Hypersensible et toujours à la recherche de la compréhension de l’autre, il nous rend palpable ses interrogations, d’autant plus qu’à son époque, le reportage journalistique avait une force immédiate puisque l’image ne dominait pas encore toute l’actualité. Le souffle de son écriture m’a poussé à porter son oeuvre au théâtre. Le sujet, que je n’ai jamais abordé, parce qu’il me touchait de trop près, est celui de la Shoah et, me concernant, de la disparition d’une partie de ma famille à Auschwitz, en 1942. C’est pour eux que j’inscris ce projet à la dernière ligne de l’histoire de ma Compagnie qui produit ici son dernier spectacle après 40 années d’existence. C’est aussi pour ceux qui en ont réchappé, marqués à jamais par la disparition d’un proche. Et enfin pour mon arrière-grand-père, Abraham Lazare Beresniak – l’auteur du premier dictionnaire yiddish/ hébreu – qui mourut de chagrin après la mort en déportation de trois de ses neuf enfants et qui n’eût de cesse que de faire en sorte que les hommes se comprennent. Leur force, leur courage et leurs souffrances m’ont porté durant toute ma carrière, alors que je cherchais à transmettre l’indispensable élévation de chacun vers la liberté, aussi douloureuse soit-elle. Il m’est indispensable d’accomplir cette oeuvre de mémoire, face aux plus jeunes générations, de faire entendre la réalité de ce qu’est aussi l’homme parfois malheureusement. » Ivan Morane