Juin 2023 : Attention aux coups de chaleur !
Les beaux jours arrivent mais attention… car, dès que le thermomètre monte, le coup de chaleur représente un risque réel pour nos animaux de compagnie. Celui-ci survient plus rapidement et plus fréquemment que l’on peut penser. Explications.
Le coup de chaleur constitue une urgence vétérinaire grave mais il est facile de le prévenir… alors pour protéger votre animal de compagnie, restez vigilants ! Le risque est plus grand quand l’animal ne s’est pas encore acclimaté à la chaleur et donc au début de la période estivale. Défini comme une hyperthermie sévère, lors de laquelle la température corporelle est supérieure à 40.5° C, le coup de chaleur survient lorsque la chaleur produite par le métabolisme ne peut plus être évacuée correctement. Le chien, plus que le chat qui supporte mieux la chaleur, est une victime fréquente de ce syndrome métabolique en raison de son système de thermorégulation relativement peu efficace comparé à d’autres espèces.
Chiens et chats ne transpirent pas comme nous !
Le chien, tout comme le chat, n’a en effet pas la possibilité de transpirer par la peau et, de ce fait, ses possibilités de thermorégulation sont réduites. Le coup de chaleur survient lorsque les mécanismes de thermorégulation de l’animal sont saturés. Cela peut être le cas lorsque la température extérieure est très élevée, après un effort physique violent ou prolongé sous la chaleur et parfois même dans des circonstances moins extrêmes pour certains chiens, notamment les bulldogs, boxers, carlins dont le museau est aplati. L’hyperthermie qui s’installe peut entraîner des lésions cellulaires graves et irréversibles (destruction de membranes cellulaires, dénaturation d’enzymes…) et conduire à l’apparition d’un état de choc qui peut aller jusqu’à la mort (rapide !) de l’animal. La température normale du chien ou du chat varie entre 37,8 et 39,2°C. Pour la maintenir, votre animal de compagnie dispose de plusieurs mécanismes dits de « thermorégulation » : augmentation de la fréquence respiratoire qui permet d’accroître l’évaporation d’eau au niveau des voies respiratoires et, dans une bien moindre mesure, évaporation d’eau par les glandes sudoripares situées au niveau des coussinets, vasodilatation périphérique (évacuation de chaleur par conduction et convection), changements posturaux (l’animal recherche les surfaces fraîches pour perdre de la chaleur par conduction). Pour prévenir et éviter les coups de chaleur, il ne faut sous aucun prétexte laisser votre animal dans votre voiture ! En effet, lors d’un coup de chaleur, le chien n’est plus capable de lutter contre l’augmentation de sa température corporelle. La circonstance la plus fréquente du coup de chaleur reste sans doute celui qui survient chez un animal laissé dans une voiture fermée, en plein soleil (ne pas oublier qu’au cours de la journée, le soleil tourne et que la voiture garée à l’ombre ne le restera pas…). Dans cet environnement confiné, le chien ou le chat va se mettre à haleter fortement pour faire diminuer sa température corporelle. De ce fait, il épuise rapidement le volume d’air sain disponible dans le véhicule et finit par respirer de l’air chargé en acide carbonique. L’animal reste alors debout, hébété, respirant très vite, tremblant puis vomissant. La syncope survient alors très brutalement.
Une étude a montré que la température intérieure d’une voiture garée à l’ombre quand la température extérieure est de 29°C atteint les 49°C en 30 à 80 minutes et que la température corporelle d’un chien enfermé dans cette voiture atteint 42°C en 20 à 50 minutes. Le risque de mortalité est alors de 50 % !
Les signaux d’alerte
Dans les autres situations, les signaux d’alerte du coup de chaleur sont caractéristiques : augmentation de la fréquence respiratoire, halètement intense, température supérieure à 40,5°C, déshydratation, salivation, muqueuses congestionnées, puis abattement et perte de connaissance. Des complications sont possibles telles que diarrhée, vomissements plus ou moins hémorragiques, saignements spontanés, convulsions…
Comment réagir le plus vite possible à une vague de chaleur ?
Face à un coup de chaleur il faut réagir très rapidement. Le traitement comporte trois étapes : refroidissement de l’animal, traitement de l’état de choc et surveillance pour détecter et traiter d’éventuelles complications. Refroidir le chien se fera toujours progressivement en le plaçant à l’ombre, en lui mouillant peu à peu tout le corps et en le plaçant si possible à côté d’un ventilateur. Ensuite seulement on pourra le plonger entièrement dans de l’eau car l’immerger brutalement dans de l’eau glacée peut avoir l’effet inverse de celui recherché en entraînant une vasoconstriction périphérique qui gêne encore davantage l’évacuation de la chaleur. On peut aussi utiliser des glaçons qu’on placera autour de sa gorge, de ses aisselles et à l’intérieur des cuisses (région inguinale). Ces mesures de refroidissement doivent être mises en oeuvre le plus tôt possible, avant même de conduire le chien chez un vétérinaire. L’objectif est de ramener la température corporelle dans des valeurs subnormales soit entre 39 et 39,5°C. L’usage d’antipyrétiques (médicaments contre la fièvre) est contre-indiqué, l’élévation de la température corporelle n’étant pas liée à un syndrome fébrile. Dans tous les cas vous devez rapidement emmener votre animal chez un vétérinaire qui mettra en oeuvre un traitement du choc et prendra en charge les conséquences éventuelles du coup de chaleur comme l’oedème cérébral, l’insuffisance rénale, les troubles cardiaques, etc.
Une surveillance pendant plusieurs jours
Le vétérinaire pourra recourir à l’oxygénothérapie (au masque) et mettra en place une perfusion. Le traitement fait ensuite appel à différentes molécules en fonction de l’état de l’animal et des complications notées. La surveillance d'un animal victime de coup de chaleur devra se poursuivre plusieurs jours après le traitement de l’urgence. Des signes de défaillance d’organes peuvent en effet apparaître jusqu’à 5 jours après le coup de chaleur. Le taux de mortalité est maximal au cours des premières 48 heures et, si l’animal survit au-delà de 72 heures, le pronostic s’améliore. Des complications tardives sont toujours possibles comme l’apparition d’une insuffisance rénale chronique.
Protéger votre animal d’un coup de chaleur est un devoir pour les maîtres responsables !
Face au coup de chaleur, la prévention est donc primordiale et relativement facile à mettre en oeuvre. Il s’agit d’éviter l’exposition des chiens (mais aussi des chats ou encore des NAC) à des environnements chauds, humides et mal ventilés, de ne pas leur faire pratiquer des exercices violents dans ces conditions, de protéger les animaux à risque en les maintenant au frais aux heures les plus chaudes de la journée, voire en les plaçant sur des matelas refroidissants, de veiller à ce que le chien ait accès en permanence à de l’eau fraîche à volonté, de le mouiller fréquemment si nécessaire… Vous devez donc leur laisser de l’eau fraîche à disposition mais aussi un linge humide au sol pour qu’ils puissent se coucher dessus pour se rafraîchir. Il est également recommandé de les mouiller régulièrement à l’aide d’un gant de toilette. Vous pouvez aussi laisser un fond d’eau dans votre bac à douche ou votre baignoire. Toutes les solutions sont bonnes pour aider votre animal à se rafraîchir et bien l’hydrater.
Des races de chiens plus concernées que d’autres
Toutes les races de chiens ne sont pas à égalité pour résister à la chaleur. Les chiens brachycéphales (boxers, bulldog anglais, bouledogue français, carlin…) sont les moins bien lotis. Ils sont en effet prédisposés au syndrome brachycéphale qui occasionne des difficultés respiratoires. La polypnée thermique est moins efficace que pour d’autres races et ils évacuent moins bien leur chaleur corporelle. Logiquement, ils sont donc plus sujets au coup de chaleur et devraient faire l’objet de précautions particulières en été. De même, les chiots, les chatons et les chiens et les chats âgés sont plus sensibles à la chaleur en raison d’un mécanisme de thermorégulation moins performant. Les animaux en surpoids le sont également, la graisse ayant un pouvoir isolant qui limite la perte de chaleur par la peau. Les animaux au pelage sombre sont également plus sensibles. Les animaux atteints de différentes maladies notamment cardiaques, respiratoires ou endocriniennes sont plus fragiles, de même que ceux ayant déjà été victimes d’un coup de chaleur car les mécanismes de thermorégulation sont potentiellement altérés.
Sources : SantéVet Ensemble, prenons soin de votre animal *Gregory & al., Hyperthermia in dogs left in cars, Veterinary Record, 1996
LGC Infos : juin 2023